Notre Dame des Landes
Créer un aéroport à Notre Dame des Landes, est-ce une bonne idée ?
Il y a 40 ans, un nouvel aéroport à Nantes a été imaginé pour accueillir le Concorde. Depuis, on lui a régulièrement assigné de nouveaux objectifs qui se sont révélés tour à tour infondés. Aujourd'hui, le projet parait d'une part démesuré dans ses dimensions par rapport aux aéroports de même volume de passagers, d'autre part nettement sous-évalué financièrement avec un grand risque de créer un énorme déficit qui sera supporté par les contribuables locaux.
Le projet de construction d’aéroport
Le projet comporte 2 grandes pistes presque parallèles sur une surface de plus de 1000 hectares au nord de Nantes dans le territoire d’ Erdre et Gèvres habité par 50000 personnes.
Deux pistes
. La disposition presque parallèle inédite interdit les mouvements simultanés sur les 2 pistes avec le risque du croisement des avions dans le prolongement des pistes.
. Une seule piste est suffisante pour 10 millions de passagers.
Plus de 1000 hectares
L'emprise territoriale dépasse les 1000 hectares alors que le tiers suffit pour le nombre de passagers attendus.
Les incertitudes du marché du transport aérien
Le nombre de passagers attendus est de 9 millions de passagers à comparer avec les 2 millions pour l'aéroport de Nantes Bouguenais actuel. C'est faire fi des tendances du marché qui tend à renvoyer les déplacements courts sur le train (moins de 1000 km).
. Les TGV Nantes-Paris ont supplanté les vols Nantes-Paris. Les pré-acheminements vers l'aéroport Charles De Gaulle se font de plus en plus par le TGV direct entre Nantes et Charles De Gaulle.
. Seul le marché des lowcosts connaît une croissance à l'aéroport de Nantes Bouguenais. Ce marché est très déficitaire et met donc à contribution les finances publiques.
. L'aéroport de Nantes n'a aucune chance de jouer le rôle d'un aéroport majeur au niveau international qui est réservé aux grands centres comme Paris, Londres et Frankfort.
. La France possède plus d'aéroports en proportion que les autres pays européens. Et le grand Ouest est la région la plus équipée. A Angers, l'aéroport construit il y a une dizaine d'année a dû être fermé l'année dernière par manque de trafic. L'aéroport de Saint-Nazaire est en cours d'aménagement pour accueillir le 380. Rennes dispose d'un aéroport de bon niveau qui ne souhaite pas réduire son activité.
. A l’horizon 2030 et 2050, la raréfaction du pétrole remettra en cause la pertinence de ce mode de déplacement
. Le nombre de passagers tout seul ne suffit pas à refléter les densités de trafic. Le nombre moyen de passagers transportés est en constante augmentation, parce que les avions ont un meilleur coefficient de remplissage et que les avions sont plus grands. En fait, le nombre de décollages et d’atterrissages est en diminution régulière à Nantes.
Un budget sous-évalué
Estimé à 600 millions d'euros pour la construction, le budget final devrait plutôt finir à 2 milliards d'euros si on le rapproche des projets de même taille réalisés ailleurs.
Une incertitude sur le bilan global de l’emploi
L’aéroport actuel de Bouguenais est utilisé par une usine d’Airbus qui compte 2000 salariés plus les intérimaires et sous-traitants. Le site compte aussi d’autres entreprises dédiées à l’aéronautique. La fermeture de l’aéroport fragilisera cette implantation avec un risque de fermeture de l’usine d’Airbus dans le cadre des rationalisations du type de celles appelées Power VIII.
. Le projet a aussi un impact sur le tissu agricole existant à Notre Dame des Landes avec la perte estimée à plus de 50 exploitations agricoles.
Un non-sens écologique
Envisager de développer le transport aérien est incompatible avec les efforts de lutte contre le réchauffement climatique. Cet enjeu est aujourd'hui une priorité, que reconnaissent la plupart des pays du monde. Le sommet de Copenhague n'a pas permis de mettre au point un vrai plan d'action, mais ce n'est pas une raison pour ne pas poursuivre les efforts de réduction des gaz à effet de serre !
Le projet de Notre Dame des Landes aura des conséquences néfastes sur un certain nombre d' espèces animales rares et protégées classées d’intérêts européens.
Les alternatives au projet de Notre Dame des Landes
. Tout d'abord commencer par intégrer le transfert des déplacements en avion sur le train pour les trajets courts. . Utiliser mieux les équipements existants. Pourquoi construire un nouvel aéroport alors que les autres sont sous-utilisés? Favorisons les interconnexions entre les équipements actuels
. Tenir compte de l'évolution du marché du transport aérien est incertain avec une décroissance prévisible. Ensuite, différents aménagements peuvent être faits pour améliorer le fonctionnement de l'aéroport actuel.
. L’amélioration de la procédure d'atterrissage est l'une des plus simples. Aujourd'hui à Nantes les avions descendent par paliers. Comme cela se pratique de plus en plus même dans des aéroports plus petits, une descente en continue permettrait de voler beaucoup plus haut dans les zones proches de l'aéroport. Cette modification est souhaitée par les pilotes.
. Revoir l'orientation de la piste actuelle. La modification est possible en entraînant nettement moins de suppressions de maisons ou d'exploitations agricoles que dans le projet de Notre Dame des Landes. Le budget de cette modification est évalué à 65 millions d’euros.
Les défenseurs du projet
Mais pour quelles raisons des élus défendent-ils toujours ce projet? Principalement, le miroitement de promesses de développement économique. Ont-ils mesuré les risques de ce pari ? Promettre des emplois est rentable au niveau électoral. Mais dans ce projet l'essentiel des emplois de la construction n'ira peut-être pas à la population locale. Quant au fonctionnement, la taille de l'équipe de l'aéroport de Nantes Bouguenais suffira probablement.
Ensuite, on brandit l’insécurité de la piste actuelle. Pourtant les pistes sont classées en trois grandes catégories et l’aéroport actuel est classé dans la catégorie A des équipements sécuritaires. De l’avis des pilotes, la piste n’est pas jugée dangereuse.
L'attitude des politiques pour le projet ND des Landes ressemble à celle de ce fou qui cherche ses clés sous le lampadaire là où il y a de la lumière alors qu'il sait qu'il les a perdues 100 mètres à coté. Comme un bulldozer, on cherche à réaliser coûte que coûte ce projet sans plus peser le pour et le contre. Le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault est un des promoteurs du projet. Grâce à ses relations avec le premier ministre, François Fillon, qui était l'ancien président de la région, il a réussi à écarter la construction de l'aéroport du Grenelle de l'Environnement sous prétexte que c'est un projet déjà engagé.
Les actions en cours
Les opposants au projet se sont regroupés dans l’association ACIPA. De plus en plus d’élus se rendent compte des risques de ce projet et se prononcent contre et rejoignent l’ACIPA.
Marie Hélène Aubert députée européenne disait : Les milliards d’euros envisagés pour construire cet aéroport sans avenir seraient bien mieux utilisés à convertir nos modes de vie, de production et de consommation, à la nouvelle donne écologique et au besoin exprimé par tous d’un monde plus solidaire et plus humain.
François Kammerer
Photo de la réunion publique du 26 février à Vay organisée par 'les élus de la CCRN qui doutent de la pertinence du projet.'
L’avis d’un riverain du nouvel aéroport de Lyon
"En ce qui concerne l’emploi, il faut bien se rendre compte que l’installation d'un aéroport n'amène pas d’industries de production mais plutôt des affaires liées au stockage et des emplois dans les services qui accompagnent l’urbanisation. Sur la zone d'activités de la commune se sont construits, au bord de larges avenues, de grands hangars de stockage de marchandises pour approvisionner des magasins, des industries proches ou plus éloignées, voire situées à l’étranger.
Il y a aussi des entreprises de transport (possibilité de dédouaner dans la zone aéroportuaire). Le nombre de camions qui circulent dans les parages est impressionnant. Les répercussions du trafic sont importantes (bruits, pollution…). Cette zone d'activités, très importante en superficie, ne fournit paradoxalement que peu d'emplois liés au magasinage, à la restauration rapide et à l'hôtellerie de passage (Formule 1, etc…).
D’immenses hangars gérés par informatique offrent des perspectives d’emploi, à savoir 3 postes de magasiniers ! Les chauffeurs routiers ne sont pas forcément de la région (beaucoup sont même étrangers pour des questions salariales). La plupart de ces emplois sont des emplois à faible qualification, assez mal rémunérés et proposés comme des emplois précaires avec une mobilité importante.
Le soir, la zone d'activités se désertifie (activité réduite aussi chez les transporteurs) et devient lugubre. Ne restent que les gardiens et leurs chiens qui patrouillent dans les enclos autour des grands hangars.
En résumé, grosses infrastructures, activités polluantes, minimum d'emplois, précaires qui plus est, pour réceptionner le produit du travail de personnes encore plus exploitées dans les pays du quart monde. C'est ça le progrès !"
Pour en savoir plus, consultez le site de l'[http://acipa.free.fr ACIPA]. Le dessin est extrait de l'ouvrage 'Dégage on aménage !' de J. DE LEGGE et R. LEGUEN.
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